Catherine Bond

Regarder ses monstres

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Ici, un édifice-totem ployant sous son propre poids jailli à même le corps d’un dinosaure qui saigne des arcs-en-ciel ; là, un candélabre coiffé d’un visage-soleil rose décolle vers des constellations lunaires ; un peu partout, de petits personnages enfantins observent des créatures extraordinaires se faire et se défaire au gré d’un bonheur sans illusion.  

Les monstres de Catherine Bond Girard sont des agrégats improbables de jouets, d’objets d’art, de décorations, d’antiquités et de fragments de dessins d’enfant de ses proches (son petit garçon de l’enfance du copain de l’artiste). Le rendu lisse et satiné du crayon de bois sur le fond noir du mylar donne une qualité immatérielle et théâtrale a ses scénographies de marionnettes.

Toute tentative de décrire les dessins de Catherine se transforme inévitablement en une poétique de l’onirique,  ou ce qui revient au même, en un récit qui veut faire sens de fragments. Comme dans un rêve, l’artiste emprunte un langage visuel de l’enfance afin de déjouer les gardiens de l’ego, et ouvrir un accès aux réalités occultes de l’inconscient.   

Le sens commun veut que les monstres soient le produit de nos peurs, mais ces riverains de notre conscience sont aussi les hérauts de notre potentiel et de notre liberté. L’expression ouverte et candide des petits spectateurs correspond à un hypothétique degré zéro de la subjectivité: c’est-à-dire l’état idéal pour comprendre ce que nos monstres ont à nous apprendre.