Emile Brunet

Les chasseurs de licorne

08.06.24 - 06.02.24

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On associe volontiers les peintures d’Émile Brunet à celles de Bosch ou de Bruegel. Certes  son univers nous renvoie à celui de ces grands fleurons de l’art flamand, mais l’anachronisme manifeste de son choix ouvre leur interprétation vers une dimension poétique et politique. L’objet de leur quête est-il imaginaire ou métaphorique? Ce choix est censé célébrer un retour aux modes anciens de subsistance et de vie, celle, par exemple, que recherchent des jeunes maraîchers qui quittent la grande ville pour aller cultiver des terres en région. Les attributs, habillement, et la fierté équanime de ces personnages suggèrent une société secrète unie dans la paix que leur procure un style de vie mystérieusement familier.

Vous l’aurez sans doute aussi remarqué, plusieurs des tableaux de la série contiennent des portraits de personnes réelles. En effet, les peintures qu’Émile avait exposées à Galerie Cache pour Domestique (2023) avaient provoqué beaucoup d’engouement, et plusieurs visiteurs avaient alors manifesté le désir de se voir eux-mêmes ou leurs proches inclure dans l’univers de ces chasseurs fantasques. Le défi fut relevé par l’artiste, et les résultats surprenant autant par la qualité du rendu que par l’aisance avec laquelle il intègre ces personnes,  à cet habitat merveilleux. 

À bien y penser, notre désir d’entrer dans le monde fabuleux des Chasseurs de licorne, d’en faire partie, participe du caractère paradoxal de la nostalgie, qui, en somme, est le regret un temps qui, en tant que tel, n’a jamais existé. Le monde impossible et probable a toujours été le domaine de la peinture: Émile a trouvé une bien plaisante manière de nous le rappeller!